Le mercredi 20 août, dans un contexte de sécurité renforcée et de répression accrue, le dirigeant chinois Xi Jinping est arrivé à Lhassa, la capitale du Tibet, pour assister à une cérémonie marquant le 60e anniversaire de la création de la soi-disant « Région autonome du Tibet » par le gouvernement chinois. International Campaign for Tibet (ICT) s’inquiète des mesures répressives supplémentaires à l’encontre des Tibétains, qui témoignent d’un manque apparent de confiance du Parti communiste chinois (PCC) dans sa gouvernance du Tibet.
Les médias d’État chinois, notamment le Global Times, ont rapporté que les Tibétains auraient « chaleureusement accueilli » Xi Jinping à son arrivée à l’aéroport de Gonggar, à Lhassa. Les autorités n’ont toutefois annoncé la date des célébrations qu’à 20h, heure locale, le mercredi 20 août, soit seulement 12 heures avant la cérémonie prévue à 10h, le jeudi 21 août 2025. Cette précaution illustre l’insécurité du gouvernement, confirmée par deux sources présentes au Tibet qui ont rapporté que la ville était sous étroite surveillance depuis plusieurs jours. Ces sources décrivent un important déploiement de personnel militaire armé et une présence sécuritaire renforcée. De plus, d’anciens prisonniers politiques et d’autres personnes jugées « suspectes » ont été assignés à résidence, totalement interdits de sortir de chez eux.
Une autre source, basée au Népal, a ajouté que, depuis le 15 août, le gouvernement chinois avait fermé aux visiteur·euse·s les principaux lieux de pèlerinage, tels que le palais du Potala et le temple de Jokhang. Toutes les rues devant le palais du Potala ont également été bloquées.
Une visite sans précédent
Il s’agit de la deuxième visite de Xi Jinping à Lhassa depuis qu’il est président. Sa première visite remonte à 2021, à l’occasion du 70e anniversaire de ce que la Chine appelle la « libération pacifique du Tibet ». C’est la première fois qu’un président de la Commission militaire centrale et secrétaire général du Parti communiste chinois assiste personnellement à un anniversaire de la fondation du Tibet ou d’autres régions autonomes comme le Turkestan oriental (Xinjiang) ou la Mongolie intérieure. Hong Kong constitue cependant une exception notable en raison de son statut particulier.
Les médias officiels chinois ont également rapporté que Xi Jinping était cette fois accompagné d’une délégation de très haut rang, comprenant Wang Huning, président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, et Cai Qi, directeur du Bureau général du Comité central du PCC.
Des informations sur la visite de Xi Jinping sont amplement diffusées sur les plateformes de médias sociaux affiliées au gouvernement chinois. Dans la section commentaires de certaines vidéos, de nombreux internautes chinois ont publié des remarques telles que : « La visite de Xi Jinping au Tibet est pour le bonheur futur du peuple tibétain, alors les Tibétains, allez-y ! » Un autre utilisateur a évoqué la nécessité de l’unité nationale et de la solidarité, tandis qu’un autre encore a souhaité la prospérité et la paix de la patrie. Ces slogans politiques et commentaires empreints de propagande sont largement diffusés pour orienter le récit public.
« Cette délégation sans précédent et de haut niveau au Tibet, à l’occasion du 60e anniversaire de la création de la soi-disant Région autonome du Tibet, reflète l’insécurité profonde de la Chine au Tibet et son besoin de mettre en scène son leadership et d’affirmer son autorité dans la région », a déclaré Vincent Metten, Directeur des Affaires européennes pour ICT.
« L’ironie de cet anniversaire réside dans le fait que les célébrations doivent avoir lieu dans le secret, sans annonce publique de l’horaire et avec un contrôle strict des activités publiques. Alors que nous attendons les discours mis en scène et les performances orchestrées, il est important de se rappeler que Xi Jinping est au Tibet pour projeter une image de force, de stabilité et de légitimité à l’occasion du 60e anniversaire de la création d’une région dite ‘autonome’ qui, dès sa fondation, a nié aux Tibétains toute forme d’autonomie — et qui œuvre aujourd’hui à effacer jusqu’au nom ‘Tibet’ en le remplaçant par le terme chinois ‘Xizang’. Le Tibet reste un rappel constant au monde que la Chine propose un modèle de gouvernance dysfonctionnel, immoral et fragile, basé sur la peur. »
Contact média:
Vincent Metten, Directeur des affaires européennes
International Campaign for Tibet
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